« Ai-je la foi ? » Telle est la question qui hante la jeune narratrice de ce roman, en attente de LA révélation. Le Québec des années 1950, dominé par le clergé, imprègne de son discours religieux toutes les sphères de la société. Nul n'y échappe. Les filles sont nées pour servir, faire don d'elles-mêmes, elles doivent cultiver l'humilité. Aspirant à une éducation qui élèverait sa pensée, incapable de s'identifier au rôle qu'on attend d'elle, la protagoniste ne sait vers qui se tourner pour la guider.
À trente ans, Mathieu promet d'être le maître à penser de la prochaine génération d'étudiants. C'est alors qu'il rencontre Louise. Progressiste, brillant universitaire, il adhère au parti communiste. Lorsque de nombreuses années plus tard, Louise demande le divorce, force est de constater que le conservatisme misogyne n'a pas cessé de régir les rapports entre les hommes et les femmes.
Deux hommes dans la force de l'âge. L'un éditeur, l'autre romancier. Ils occupent la scène publique, accèdent au sommet de leur carrière. Ils ont convenu de publier une nouvelle édition du roman à succès Le batailleur, que le créateur pourra retoucher de bon gré. Un contrat est signé, que le romancier finit par contester en justice. Le procès dure quinze ans. Avec leurs avocats, ils seront quatre face au juge.
France Théoret peint ici une certaine réalité du Québec des années 50. Elle dénonce l'ignorance et le dénuement extrême, tant matériel qu'intellectuel, qui étaient le lot de nombreuses familles de Canadiens français.
L'auteure nous présente ici un portrait de société, un magnifique concentré d'expériences, à travers le destin de quatre femmes. Ces femmes, nous les connaissons, nous les reconnaissons. Leur histoire est inscrite dans l'actualité. Tous les jours, d'autres femmes marchent sur leurs traces. Et certaines élèvent la voix. Tout entier fondé sur le thème de la prédation, ce roman propose une réflexion originale, portée par l'écriture singulière de France Théoret.
«Je réclame partout une nouvelle esthétique. La quête d'une écriture au féminin est à la racine d'une pensée littéraire. Il doit bien y avoir une littérature de femmes née de la pensée et du corps féminin, une constante semblable à un courant littéraire.» Dans La forêt des signes, France Théoret retrace sa venue à l'écriture et la genèse de ses livres.
À quinze ans, forcée de s’exiler avec sa famille dans un hôtel de campagne acheté par ses parents, la narratrice voit surgir les obstacles devant son désir d’apprendre. Celle qui se promettait un avenir auquel elle accéderait par les études se retrouve dans une fiction sordide, faite de services obligatoires, de buveurs invétérés, de sorties arrangées avec des maris potentiels dans d’autres hôtels de campagne. Fille à vendre, elle ne souhaite qu’une chose : regagner Montréal et faire de sa vie une œuvre d’art.